by Anmol Sodhi-Kaur (European Political and Governance Studies - Manuel Marin promotion)
C’est un mélange de surprise, désarroi et de mécontentement qui s’empare de moi à chaque fois que je vois passer des offres de stages non-rémunérées particulièrement quand ces derniers se déroulent dans des villes connues pour être tout simplement hors de prix : New-York, Genève, Paris et j’en passe.
Régulièrement ces histoires cocasses sont mises en exergue dans la presse. L’organisation Fight Against Slavery qui propose un stage non-rémunéré[1], un étudiant néo-zélandais qui dort dans une tente afin de survivre à son stage non-rémunéré[2]… quand ce ne sont pas des CDI cachés…
Comment un(e) étudiant(e) lambda est-il censé pouvoir affronter ces dépenses au vu du coût de la vie ? L’expérience, aussi précieuse soit-elle, ne paie pas les factures ni le loyer ! De deux choses l’une : soit il/ elle ne postule pas et on revient à une sélection par l’argent.
Soit il/elle y postule et s’il ou elle est admise, emprunte de l’argent pour survivre. Quel est donc le prix d’une ligne sur le CV ?
Quelles en sont les conséquences ? Les étudiants pauvres ou venant de milieux modestes ne pouvant pas se permettre un tel luxe n’y postulent pas et de facto ceux qui le font – sont ceux qui peuvent se le permettre. On contribue inlassablement à l’entre-soi qui règne en mot d’ordre.
Ce n’est pas seulement problématique pour les étudiants mais aussi pour les entreprises/institutions qui pourraient bénéficier d’un regard neuf ou différent sur les sujets dont ils traitent : difficile quand tous les stagiaires et/ou futurs employés viennent du même milieu, des mêmes écoles et, disons-le, des mêmes classes sociales….
Enfin, une autre des conséquences peu mises en avant est le fait que les stagiaires non-rémunérés gagneront moins ensuite que leurs pairs – qui auront commencé à travailler directement ou auront pu avoir des stages rémunérés – dans les trois ans qui suivent leur premier emploi[3].
Dès lors, on comprend bien que nombreuses sont les raisons à même d’expliquer pourquoi ce système est néfaste. Toutefois, il perdure.
A l’instar des législations françaises ou belges, d’autres États ont rendu obligatoire la rémunération de stages. Néanmoins, des failles subsistent : il n’est pas rare de voir passer des offres émanant d’entreprises, voire d’institutions publiques, dont la durée est inférieure à 44 jours (cf. législation française) afin de ne pas avoir à payer les stagiaires. Super.
Le travail remarquable mené par Fair Internship Initiative est à saluer. Il mène régulièrement des campagnes de lobbying et attire l’attention des médias sur ce sujet.
Gardons à l’esprit que « tout travail mérite salaire » et ne dégoûtons pas nos jeunes du monde du travail. Quant à nous, jeunes, n’oublions pas ces difficultés qui jalonnent notre parcours pour qu’un jour nous puissions y remédier.
[1]https://www.dailymail.co.uk/news/article-4135900/Anti-slavery-charity-fire-unpaid-internship.html
[2]https://www.theguardian.com/world/2015/aug/12/unpaid-un-intern-who-had-to-sleep-in-a-tent-quits-after-media-uproar
[3]https://www.theguardian.com/money/2017/jul/29/unpaid-intern-damage-graduate-career-pay
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