by Nathan de Arriba-Sellier, Fondateur de La Voix du Collège (Chopin Promotion)
C’est en Juin 2015 que m’est venue l’idée de fonder un journal étudiant au Collège d’Europe. Une success story inespérée.
Il s’agissait d’une époque quasi-préhistorique. Les nuages s’accumulaient déjà sur notre Europe : Tsipras avait dû rendre les armes et la crise des réfugiés débutait à peine. La Hongrie et la Pologne commençaient à remuer désagréablement. La perspective d’un Brexit semblait de l’humour britannique. L’organisation Etat Islamique était à son apogée. Le monde misait sur la COP21 pour éviter un nouvel échec des négociations climatiques. Et alors que Barack Obama arrivait au terme de son mandat, l’opinion publique mondiale découvrait Bernie Sanders et Donald Trump.
En juin 2015, je commençais à peine à découvrir – virtuellement – mes futurs condisciples. Des centaines de jeunes étudiantes et étudiants venus des quatre coins de l’Europe – et du monde. A la diversité géographique, s’ajoutait une diversité d’âges, d’expériences, de backgrounds universitaires, d’opinions, etc. Tout ça pour seulement quelques centaines d’étudiants, prêts à amarrer pendant un an pour une des plus fantastiques aventures qui leur est donnée de vivre. Tout ça formait un bouillon magique. Il fallait quelque chose pour partager cette diversité d’expériences et d’idées. Bref, il y avait de quoi faire. La Voix du Collège fut fondée pour devenir ce forum libre d’échanges qu’elle est devenue afin de partager ce que nous savions, ce que nous pensions, ce que nous voulions, ce à quoi nous aspirions en tant que jeunes européennes et européens...
L’enthousiasme pour ma proposition de créer un journal étudiant fut immédiat. Dès juin, plus d’une trentaine de futurs étudiants s’engageaient dans l’aventure. Tous nos condisciples nous encourageaient et se réjouissaient de notre proposition. Plusieurs anciens et représentants étudiants sortants nous faisaient part de leur soutien franc et massif. Il n’y avait qu’un tout petit bémol : la direction n’était pas franchement convaincue par l’initiative... Sa première réponse à notre proposition fut de nous mettre en garde : le projet nous demanderait beaucoup d’efforts (ce fut vrai), risquait de nous distraire de nos études (ce fut partiellement vrai), et risquerait de donner une image négative du collège au cas où nos efforts ne seraient pas couronnés de succès.
Il en fallait plus pour nous décourager. Nous avons passé l’été à préparer le journal. A choisir un nom aussi, le choix a été démocratique et La Voix du Collège a remporté une large majorité. Le premier numéro est sorti le 16 septembre 2015. A la une, les élections des représentants étudiants et une interview du Recteur. Le numéro s’arracha comme des petits pains et cet enthousiasme ainsi que la nouvelle bienveillance de l’administration furent de bon augure. Dès le deuxième numéro, nous publions des interviews de Cecilia Malmström, Xavier Better et de l’Ambassadeur des Etats-Unis à l’UE, ce qui nous fit remarquer par Politico Europe, Ryan Heath soulignant que nous affichions une « blockbuster line-up ». Dès le début, nous avons également bénéficié du soutien de Cleary Gottlieb Steen & Hamilton qui a accepté depuis lors de nous financer chaque année que nous parussions.
La sauce a ainsi pris. Six numéros parurent la première année, presque au rythme d’un par mois. J’ai pu compter sur de nombreux talents, notamment deux supers rédactrices en chef (Ginevra Sponzilli et Emilie Schou) et un graphiste du tonnerre (Juan González-Moya), pendant que j’assumais la direction des opérations et la mise en page. Les nuits furent courtes cette année-là ; ce qui ne nous empêcha pas de profiter des trois principes fondamentaux du Collège : work, party and sleep.
Plus d’une soixantaine d’étudiants prirent la plume dans La Voix du Collège cette année-là. La Voix du Collège a ainsi donné aux étudiants une voix pour s’exprimer, quitte parfois à déplaire, à provoquer ou à surprendre. Ainsi, elle se fit un concentré de tout ce qui donne au Collège sa saveur inégalée : apprentissage, diversité, débat, partage, et succès ! L’esprit du Collège trouva là un support durable.
Cela permit au journal de grandir et – surtout – de se perpétuer. Malgré une pause avec la promotion Veil – paradoxal pour une publication au nom francophone –, La Voix du Collège fut reprise par la promotion Keynes et est promise à de belles choses cette année. Une gageure étant donné que notre cursus ne dure qu’une année. Il me reste à féliciter Marta et l’équipe de la promotion Marin et à leur souhaiter bon courage ; et à vous toutes et tous, une bonne et longue lecture et une très belle année !
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